Charlie Edgar Hellister - Complete

Notre sujet est né à Londres, un dix-sept octobre, d’une mère chanteuse pop et d’un père milliardaire. Évidemment, ce n’était pas là un mariage d’amour. Pas du tout même. La dame s’est tirée au Texas alors que Charlie n’avait pas un an, son conjoint se refusant à l’épouser – il n’était pas idiot, il savait bien qu’elle pouvait lui piquer la moitié de sa fortune en divorçant. Ainsi, nous parlerons peu de la maman dans cette histoire, puisque c’est l’homme qui élèvera le petit bonhomme qui nous intéresse.

Charlie a vécu la plus grande partie de son enfance à Londres, dans le manoir ancestral de sa famille où résident ses grands-parents. En effet, son père étant très occupé avec sa firme, ce sont eux qui prenaient soin de lui en journée. Le soir venu, son père rentrait et discutait avec lui, s’informant de ce qu’il avait apprit aujourd’hui ou de sa journée. Inévitablement, à vingt heures moins le quart, le petit bonhomme qu’il était allait se mettre au lit.

Il a été élevé dans l’aristocratie jusqu’au cou. Soirées mondaines, vêtements chics et formules de politesse faisaient partie de son quotidien. Souvent, on raconte que les enfants qui n’ont pas de maman ont des problèmes, mais ce ne fut pas le cas de Charlie, qui a immédiatement pris son père pour modèle. Il voulait absolument lui ressembler et faisait donc beaucoup d’efforts auprès de son précepteur, qui lui enseignait toutes sortes de choses. Vu la notoriété de son père, il ne pouvait pas étudier avec les autres enfants de son âge. En effet, il lui aurait alors fallu toute une équipe de gardes du corps et peu d’écoles auraient accepté cela. De toute façon, monsieur Hellister aurait été beaucoup trop inquiet.

Allumé et ambitieux, il s’intéressait très jeune à toutes sortes de choses. Le meilleur ami de son père et son parrain, Matt, lui ramenait chaque semaine un nouveau gadget électronique qui fascinait le petit homme, jusqu’à ce qu’il ait compris son fonctionnement et qu’il en reçoive un nouveau. Très énergique, il savait cependant se tenir et n’était jamais impoli, toujours assis bien droit sur sa chaise. Tout jeune, il imitait déjà le maintient aristocratique de son père et, même lorsqu’il a essayé de changer ça à l’adolescence, il n’a rien pu faire. Il passait aussi énormément de temps à lire ou à se balader seul dehors. Parfois, son père invitait des collègues de travail ou des hommes d’affaires qui avaient eux aussi des enfants. Charlie finissait toujours par devenir leader d’un après-midi et les entrainait dans des courses folles dans tout le manoir.

Il n’a pas protesté lorsque, bien plus tard, à ses quinze ans, son père a choisi de quitter le manoir pour emménager aux États-Unis. C’était tout un changement pour lui, mais il adorait voyager et n’avait pas eu le temps de le faire beaucoup puisque son père était très occupé et ses grands-parents trop âgés pour le trainer quelque part. Il a enfin pu intégrer une école – privée, cela va de soit – et suivre un cursus scolaire à peu près normal. Son accent faisait des ravages auprès des demoiselles – il s’est d’ailleurs appliqué à ne jamais le perdre totalement, notamment pour cette raison. L’Angleterre lui manquait souvent, mais il retournait chez ses grands-parents une bonne partie de l’été, et ce tous les ans, ce qui lui évitait un trop grand mal du pays.

Il faut comprendre que Charlie n’a jamais voulu être un « fils à papa ». Il a toujours souhaité montré à son père de quoi il était capable. C’est pourquoi, à ses dix-sept, il a demandé à ce dernier de lui donner une petite somme d’argent pour lancer sa propre branche de l’affaire. Ses efforts ont porté leurs fruits. Inspiré par son parrain, il a poussé dans l’informatique et l’électronique. Ainsi, il gagne seul son argent depuis et ne doit à son père que son éducation et le tremplin qui lui a permit de se rendre aussi loin.

Il a intégré l’université deux ans auparavant, laissant son affaire entre de bonnes mains tout en gardant un œil avisé sur la chose. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à se laisser aller réellement. Les fêtes ne manquaient pas, et il avait plusieurs occasions d’user de son charme. Rapidement, il s’est fait une place importante dans l’école ainsi qu’un beau cortège d’amis aussi riches que lui.

Tout aurait pu se passer comme dans les séries télé s’il n’avait pas rencontré Emily. C’était, au départ, une fille comme les autres. Comme des tas d’autres avant elle, il a usé de son charme dévastateur sur sa frêle personne. Seulement, elle lui a résisté. Des semaines durant il lui a couru après, tentant de la faire tomber dans ses filets… sans succès. Jusqu’à cette soirée, un peu plus arrosée que les autres. Il était saoul et ce n’était un secret pour personne. Elle était saoule aussi, mais pas suffisamment pour coucher avec lui. Puis, les choses se sont enchainées rapidement. Un gars lui a proposé de la drogue, il ne se souvient même plus qui, il a drogué Emily et a couché avec elle.

En pratique, cet évènement n'a pas eu un très grand poids sur sa conscience. D’ailleurs, personne n’est au courant de l’histoire sauf lui... et le gars qui lui a donné la drogue, dont il ignore l’identité. Il ignore si elle s'en souvient, et ne s'y intéresse même pas. Il l'évite, parce qu'il a peur qu'elle lui pose des questions gênantes et, même s'il ment bien, il n'aime pas le faire à propos de choses aussi pointues. Bien sûr, il ne s'en est pas vanté. On se vante de nos réussites, pas de nos agressions. L'incident n'a en rien modifié sa façon d'être, et sa popularité est toujours aussi forte… Tout comme son nombre de conquêtes. Comme quoi on ne change pas une formule gagnante.

Charlie Hellister évoluait dans le parc d’une démarche qui se voulait nonchalante, mais dans laquelle on décelait encore – bien malgré lui – une touche de son éducation aristocratique. Habillé simplement, seul le baladeur dernier cri qui dépassait de sa poche et le casque d’écoute de plusieurs centaines de dollars qui trônait autour son cou étaient en mesure de prouver le bon parti qu’il représentait pour les demoiselles en mal de riches mâles qui rôdaient aux alentours. Il adorait passer l’été chez ses grands-parents. Tous les samedis, c’était la même chose. Il se rendait dans ce parc de Londres pour se balader en écoutant de la musique, courant parfois sur quelques mètres question de bouger un peu. Ça finissait toujours de la même façon. Une fille l’abordait, si elle lui plaisait, il lui adressait un sourire charmeur, sinon, il l’ignorait. Il avait toujours été un dragueur, de ceux qui séduisent les filles pour se contenter d’une brève étreinte avec elles. Ce qu’il voulait, il le prenait, puis le jetait. Le pire, c’est qu’il était suffisamment connu pour qu’elles soient toutes déjà au courant de sa réputation. Rien à faire, elles croyaient toutes être celle qui le ferait changer… La naïveté était une chose impressionnante. Un salaud ? Plusieurs le qualifiaient ainsi. Lui affirmait qu’il n’avait pas encore trouvé celle qui le ferait réellement craquer. Et puis, si elles tombaient toutes dans ses filets, il n’allait quand même pas s’en plaindre. Tant qu’elles tombent volontairement dans ses bras, il n’a pas de remords. Pourtant, on comprenait vite qu’il n’y avait pas que ça quand on voyait la persévérance dont il pouvait faire preuve quand une jolie dame osait lui résister. Avons-nous parlé de son argent ? Pourtant, sans elle, il n’en serait pas là. Il dépense sans compter, autant pour lui que pour ses conquêtes. Les billets sont pour lui une seconde nature, et il gagne son propre argent depuis qu’il a dix-sept ans. Bien sûr, il n’est pas partie de rien. Son père lui a donné une division de sa firme, Charlie a poussé dans l’informatique et l’électronique, ça a bien marché. Il n’est donc pas, contrairement à beaucoup, un fils de riche qui ne fait rien à proprement parler. Intelligent et charismatique, peut-être même magnétique, il sait animer les foules et parler aux gens. Avec un tel profil, il ne peut donc qu’être populaire. Pourtant, ce n’était pas assez. Gérer une entreprise, c’est bien drôle, mais ce monsieur a des ambitions particulières. Si, en présence d’un public, il se montre particulièrement loquace et ouvert, il a tout un côté secret, comme une facette de sa personnalité qui n’appartient qu’à lui. C’est cette partie qui lui permet de passer toute une nuit à lire un roman, simplement parce qu’il ne peut plus s’arrêter. C’est aussi cette partie qui l’a poussée à relayer son entreprise au second plan pour entreprendre des études en journalisme, tout en gérant le tout à distance. À l’université, il est parmi les plus riches et bénéficie d’une notoriété impressionnante, non seulement chez les élèves de son année mais également dans l’ensemble de l’école, qui se douterait qu’il connait George Orwell, Shakespeare ou Edgar Allan Poe ? De véritables amis ? Il en a très peu, parce qu’il a besoin de valeurs sûres, avec l’argent qu’il a. Il y a toujours un boulet qui n’en a qu’après ton argent…

Charlie n’est pas de ceux qui cherchent absolument à se faire remarquer de par leur habillement. Si extravagance ou impressionnisme font parfois partie de son vocabulaire ou de son comportement, ils sont vraiment très loin de sa garde-robe. Jeans ou pantalons foncés, il préfère les chemises sombres aux t-shirts colorés et n’hésite pas à troquer un survêtement de marque contre une vieille veste qui lui donne un air juste assez négligé. Souvent pressé ou carrément en retard, il n’est pas de ceux qui passent plusieurs heures à choisir avec soin leurs vêtements. Il se contente de ce qui n’est pas sale – ce qui signifie qu’il a un peu de mal à trouver quelque chose de présentable le vendredi, puisqu’il lave toujours ses vêtements à la dernière minute. Bien qu’il ait beaucoup d’argent et qu’il aime le dépenser, il préfère se magasiner une nouvelle moto ou un gadget électronique en vogue plutôt que de passer plusieurs heures dans les magasins de haute couture. Lorsqu’il doit se rendre à un rendez-vous ou à une soirée, il fait selon l’occasion. Tout dépend de l’endroit et de la compagnie. S’il accepte parfois de porter un costume très chic pour séduire une demoiselle aux goûts richissimes, il sera très content de se contenter de son look traditionnel pour une autre qui préfère son attitude du gars riche qui n’en a pas l’air. Son seul caprice, en matière de vêtements, ce sont ses chaussures, qu’il paie presque toujours une fortune. Blanches, noires ou colorées, une chose est sûre : elles lui auront coûté une petite fortune. Ses pieds sont sacrés, et il est hors-de question qu’il chausse du bas-de-gamme.